Les élections aux chambres d'agriculture qui se sont déroulées du 7 au 31 janvier sont remarquables par leur record d'abstention (53,48 %). Dans cette version agricole de la crise des corps intermédiaires, la FNSEA passe sous les 50 % des suffrages exprimés dans un tiers des départements. Un désaveu qui ne l'empêche pas de plastronner comme syndicat majoritaire, car les règles électorales lui assurent la suprématie dans quatre-vingt-une chambre d'agriculture sur quatre-vingt-dix. En effet, la liste arrivée en tête prend d'office la moitié des sièges puis partage la seconde moitié avec les autres listes. Avec un quart ou un tiers des voix, on rafle 75 % des sièges. Avec les voix d'un quart des agriculteurs, la FNSEA va donc continuer d'imposer au pays sa vision industrialo-chimique de l'agriculture. Les insectes n'ont plus qu'à se tenir à l'écart des champs et les consommateurs à digérer sans broncher du glyphosate et autres substances cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques.
Dans le numéro de mars 2019 de Siné mensuel.