J'ai eu ma première expérience sexuelle à 18 ans. Mon partenaire avait un comportement abusif « Allez, tu ne peux pas me dire non maintenant ! » mais j'avais tellement intégré que c'était comme ça, que je ne me suis pas vraiment défendue.
Un peu comme ces ados qui se sentent obligées de « passer à la casserole »… De même pour ces ados qui se sentent socialement obligés d'avoir une expérience sexuelle jeune.
On savait tous les deux que forcer quelqu'un c'était mal, mais on nous avait dit aussi que ceux qui faisaient ça, c'était des inconnus. Forcément moches, forcément violents et cachés dans des parkings ou des ruelles sombres. Mon copain n'était ni un inconnu, ni moche ni violent. C'était un mec lambda avec des tendances abusives « Mais moi j'ai envie ! Et tu veux qu'on reste ensemble, non ? » qui a grandi dans une culture l'encourageant à les exercer.
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Même s'ils admettent, à un moment ou à un autre de leur vie, s'être passés du consentement éclairé de leur partenaire, ce n'était pas le plus important. Le plus important pour eux était de ne pas être mis dans la case « agresseur ». Pourtant, qu'on parle de culpabiliser sa partenaire jusqu'à ce qu'elle cède, de profiter d'une amie soit soûle pour abuser d'elle ou d'utiliser la contrainte physique c'est la même idée qui est à l'œuvre : le consentement des femmes en matière de sexualité importe peu. Ce qui est important, c'est d'obtenir du sexe.
Les abus sexuels, ce n'est pas un ensemble d'actes « pas bien mais ça va encore » qui deviendraient soudain un crime quand on les commet sur une inconnue ou avec un couteau. C'est un continuum, un ensemble de comportements abusifs encouragés par la culture du viol, de degrés divers, mais consistant tous à se passer de consentement. Ils ne sont pas tous illégaux, mais ils sont tous à proscrire !