C'est une victoire énorme, discrètement arrachée par les lobbys à Bruxelles : pour faire valser le principe de précaution, place à l’ingénieux « principe d’innovation » ! Ce magnifique concept a été matraqué à partir de 2013 par une plateforme de lobbying, European Risk Forum, qui réunit des industries à risque - tabac, chimie, pétrole…
Le principe : « Chaque fois qu’une législation est à l’étude, son impact sur l’innovation devrait être pleinement évalué et pris en compte. » Ce lobby de choc a déjà réussi un beau coup : le « principe d’innovation » figure en préambule du programme de recherche scientifique de l’Union, Horizon Europe, adopté en décembre et doté d’un budget de plus de 100 milliards d’euros !
C’est l’une des prouesses des lobbys qui pullulent à Bruxelles. Dans un rapport fouillé, repris par « Le Monde » (7/2), une ONG, Corporate Europe Observatory, détaille toutes leurs portes d’entrée au sein de l’Union européenne. Le groupe Magritte, qui réunit les géants européens de l’énergie avec, à sa tête, Gérard Mestrallet, pédégé d’Engie, a, par exemple, fait la tournée des chefs d’Etat pour affaiblir les objectifs climatiques au moment de la COP21.
Et chaque pays défend son industrie phare : la bagnole pour l’Allemagne, le charbon pour la Pologne, la finance et la City pour la Grande-Bretagne… A l’arrivée, les Etats sont « capturés » par les « intérêts privés », assène le rapport. Tout de suite les grands maux…
Dans le Canard enchaîné du 13 février 2019.