Ancien ministre sous Mitterrand, sous Chirac-Jospin puis sous Hollande, Michel Sapin s’est laissé aller à quelques confidences dans une interview à « Libération » (25/5). Ainsi, alors que dans les années 80 il occupait le poste de trésorier du PS, il tombe, à la buvette de l’Assemblée, sur son homologue du RPR, l’ancien ministre Robert Galley. Et Sapin de raconter : « Il me demande : “C’est quoi, cette affaire qui vous touche, les carnets d’Urba ? Tout est noté. Il ne faut jamais faire ça !” Il me raconte que, lui, pour le financement, il fait tout en liquide, dans une petite mallette. Je lui réponds qu’il y a alors forcément de la perte. Il me rétorque : “Oui. Quand la première mallette est remise, je sais qu’il y aura 50 % de déperdition.” Et il me raconte ça très librement, à la buvette. »
Voilà qui explique mieux pourquoi, à l’époque glorieuse du parti gaulliste, Jacques Chirac et les siens ne payaient jamais aucune dépense par carte bancaire ou par chèque. Mais seulement avec des liasses de billets à l’effigie de Pascal et autres… Un effet de la « déperdition », comme disait Robert Galley.
Si ce n’est de l’évaporation…
Ho bah tiens donc ! Quand les politiciens nous expliquent que les espèces sont seulement utilisés par les criminels dont les terroristes, ils parlent en spécialistes du sujet, en fait ! :) Ou alors, peut-être y a-t-il des bons criminels et des mauvais criminels ?
Dans le Canard enchaîné du 5 juin 2019.