J'ai assisté à cette conférence de rms, la première AFK. Première rencontre avec rms, échange de clés OpenPGP et un Richard qui m'interpelle dans le couloir à propos de son projet d'une forge open-hardware morale.
Quelques notes que j'ai prises durant la conférence (disponible en visionnage/téléchargement direct/torrent ici :
http://media.leschatscosmiques.net/medias/conferences/) :
* Rappel des 4 libertés (
https://www.gnu.org/philosophy/free-sw.fr.html), je ne reviens pas dessus. Le partage est moral car il est communautaire, car il est humain. Le développeur d'un logiciel privateur sait très bien ce qu'il fait : l'existence de son logiciel est pire que son absence car c'est un appât, un piège. L'appel du pouvoir corrompt le développeur de logiciel privateur. C'est une volontée de soumission des utilisateurs de son programme donc c'est injuste donc ça ne devrait pas exiter. Les jeunes développeurs seront happés par le système, par leurs collègues car beaucoup de gens ne doivent pas la différence entre le bien et le mal immédiatement. « Ne rien faire de ta vie est mieux que développer du logiciel privateur » :D ;
* Liberté attaquée de partout. C'est un renversement de la charge en 30 ans : il y a 30 ans, on devait servir l'utilisateur. Aujourd'hui, on doit le tromper. Pluie d'exemples : censure des applications sur le store Windows 8 mobile ; Google play et IOS ne sont pas mieux (jailbreak = s'échapper d'une prison !) ; Kindle d'Amazon impose de renoncer à la liberté d'acheter anonymement un bouquin, à la liberté de donner/prêter des livres après leur lecture, ouvre les portes à la censure (
http://rue89.nouvelobs.com/2009/07/19/sur-le-kindle-amazon-detruit-des-livres-quil-a-vendus) ; Flash ; Windows est un malware : il s'agit d'une backdoor puisque Microsoft peut installer et modifier des logiciels à distance ! ; les firmwares/blobs privateurs dans Linux (si un périphérique exige un firmware privateur, ne l'utilise pas, c'est un petit sacrifice) ; les ordiphones sont de véritables espions qu'il faut refuser : « il est du devoir de chaque citoyen de mettre le doigt dans l'œil de Big Brother ;
* Insiste trop (3 fois les mêmes phrases !) lourdement sur libre versus open source et GNU/Linux versus Linux. On ne peut pas vraiment le blâmer sur ça puisque, lors de la présentation des associations organisatrices, l'ex-président de la Maison du Libre a déclaré qu'ils faisaient dans l'open source et utilisaient Linux, tout ce qu'il faut pour énerver Richard ;
* "Nouveaux" combats :
* JavaScript : beaucoup de pages web contiennent du JS privateur. La FSF propose LibreJS, un module pour Firefox (Icecat) qui analyse la page et exécute le JS seulement s'il est libre. Pour plus d'informations, notamment sur la détection du code privateur :
https://www.gnu.org/software/librejs/free-your-javascript.html ;
* SaaS : « Tu confies ton activité informatique au serveur d'une autre personne. C'est lui qui contrôle ton activité. Cela revient au même que d'utiliser un programme privateur, les 2 chemins se rejoignent. ». Utiliser un traducteur en ligne (Google translate, par exemple) est intolérable car il y a des équivalents à installer en local. Utiliser un moteur de recherche (Google Search, par exemple) est tolérable car on n'a pas le choix (vu avec rms par mail : il ne connaît pas YaCi, ceci explique cela). Dans une communication, un serveur hors de contrôle (Google GMail, par exemple) est tolérable car pas le choix (oui, confirmé par mail, il "crache" sur les associations qui font du mail propre, sur les serveurs @home et les initiatives de décentralisation des usages du net lui passent bien au-dessus de la tête :( ) ;
* Éducation :
* L'école de la République doit enseigner uniquement du logiciel libre. Montrer/faire utiliser des logiciels privateurs va à l'encontre de la mission sociale de l'école qui est d'éduquer les citoyens conscients d'une société libre. Une autre raison plus profonde : l'école est là pour dire comment ça marche. Avec un logiciel privateur, le professeur est obligé de répondre « nul ne sait comment ça marche, c'est un secret ». Avec un logiciel libre, le professeur peut expliquer avec l'aide d'une copie du code source. Une seule exception : on peut montrer du code privateur dans le cadre d'un atelier de reverse-engineering ;
* Les œuvres pédagogiques doivent être libres (licences CC, GFDL,...) ;
* L'école ne doit pas filer les données personnelles concernant les étudiants à des entreprises comme Google/Microsoft (page Facebook pour la classe, Google Docs,...). C'est une infraction de le faire. Le flicage commence à l'école si elle ne respecte pas la vie privée ;
* « La liberté d'information est essentielle pour garder les autres droits humains. Le flicage généralisé met en danger la démocratie. Comment exercer un contrôle citoyen si l'État agit dans le secret ? Il reste les lanceurs d'alertes. Le niveau de flicage actuel est incompatible avec la démocratie. La démocratie n'est que théorique. »
* « Je ne peux pas tout faire tout seul, tu dois le faire ». Comment ? Faire des conférences, proposer des ateliers de reverse-engineering,... Ce n'est pas la taille de la contribution qui compte. ;)
* Des ressources à étudier :
* Ubuntu Spyware :
https://www.gnu.org/philosophy/ubuntu-spyware.fr.html
* Liste des systèmes GNU/Linux libre à recommander + la raison de la non-homologation des autres systèmes :
https://www.gnu.org/distros/free-distros.html et
https://www.gnu.org/distros/common-distros.html
* Version de Firefox made in FSF pour éviter le problème de marque, pour éviter la promotion d'extensions privatrices, pour éviter l'inclusion des DRM,... :
https://fr.wikipedia.org/wiki/GNU_IceCat
* Pourquoi ce combat pour les libertés ? Il déteste l'injustice, c'est une réaction de colère. Comment fait-il pour tenir / se motiver depuis 32 ans ? Élu par les circonstances pour promouvoir le logiciel libre. « Que pouvais-je faire d'autre ?! »
On a eu le droit au numéro de Saint IGNUcius et de la vente aux enchères d'une peluche à l'effigie d'un gnou au profit de la FSF.
Mon avis sur rms et sa conférence :
* rms est malentendant, je ne savais pas.
* Il était attendu sur l'éducation (deuxième terme de son sujet + beaucoup d'enseignants avaient fait le déplacement et avaient rameuté leurs étudiants) et il n'en a dit que peu de mots en proportion de la durée de la conf'. Trop occupé à troller l'open source et Linux versus GNU/Linux. :(
* La conférence est pas mal, on apprend ce qu'est le logiciel libre, que l'open source et Linux c'est mal mais après ? Quels prolongements ? L'auditoire rentre chez lui et il doit se débrouiller tout seul ? Ça ne marchera jamais, il sera perdu dans l'immensité du travail à accomplir. Il faut des points d'entrée. Les LUG devraient proposer des ateliers ciblés pour débutants à la suite de ce type de conférences. La Maison du Libre a raté le coche.
* rms a tout compris au logiciel libre et à l'open hardware mais il est totalement out sur les sujets de neutralité des réseaux, de décentralisation des usages, de réappropriation de l'infrastructure du réseau, de protection de la vie privée. Voir les exemples dans mes notes ci-dessus. Je pense qu'il est trop intelligent pour ne pas avoir compris les problématiques et les enjeux et qu'il n'a tout simplement pas envie de militer pour ces sujets supplémentaires, une forme de "chacun son taff". Je peux l'entendre mais quand on a une influence certaine, il est inadmissible de dire, durant une conférence, qu'un serveur intermédiaire dans une communication comme GMail est tolérable ou que Google Search est tolérable car ça laisse entendre, dans les deux cas, qu'on ne peut rien faire de mieux, de plus morale, de plus respectueux des utilisateurs. Ce qui est faux.