Je partage ton analyse mais je suis partagé sur ta conclusion :).
Je pense que tu te trompes (à moitié) sur ce que tu penses être ma conclusion. Elle n'est pas « c'est comme ça à l'état de nature, donc faisons rien », mais plutôt « arrêtons de blâmer un groupe social en particulier (LREM, PS, UMP, peu importe, tous ont pratiqué l'exclusion punitive) alors que les autres groupes sociaux dont nous sommes membres (emploi, famille, potes, associations) ont la même pratique ». Si tous les groupes sociaux observables ont cette pratique d'exclusion (et je rappelle que la prison est basée sur cette idée d'exclusion protectrice), alors blâmer un groupe qui la pratique est vain, ce n'est pas le bon discriminant pour porter une critique de ce groupe social.
Et surtout je sais que l'individu peut changer le groupe. Pour le pire te le meilleur. En fait y'a une balance ou un aller-retour entre ce qu'apportent les personnes au collectif et ce qu'impose le groupe à ses membres. AMHA.
Ça, c'est dans la théorie. Dans la pratique, il ne faut pas que les individus remuent trop / dépassent l'épaisseur du trait / partent dans tous les sens en permanence… sinon, par définition, il n'y a plus de cohérence, donc plus de groupe. C'est tout le paradoxe. Pour moi, l'injonction à être soi-même au sein d'un groupe (quel qu'il soit) est un mensonge (mais il est nécessaire), ça ne peut pas fonctionner sauf si peu d'individus sont eux-mêmes (les autres pourront alors tolérer ces orignaux) ou que les membres du groupe sont très similaires (et dans ce cas… ils ne sortiront pas de la norme du groupe, par définition même).
Je pense qu'il existe un bloqueur au niveau de l'espèce humaine afin que tous les membres de l'espèce ne désirent pas tout changer en même temps tout le temps. Je pense que ce bloqueur est facteur de stabilité, et donc qu'il est l'un des facteurs de la survie de l'espèce. C'est la grille de lecture que j'applique aux combats militants. Ils se plaignent (et je fais partie du lot) que les gens ne s'impliquent pas et préfèrent regarder Netflix, gagnagna. C'est une mauvaise lecture. En vrai, la masse est garante de la stabilité de la société en mode "ouais, ouais, testez votre idée entre vous, là, on vous regarde" (si ça foire, une petite partie de l'espèce sera sacrifiée dans le pire des scénarios).
Il faut bien se dire que si tout le monde bougeait sur tous les sujets possibles, ça serait impossible de suivre tous ces changements (déjà que, dans notre monde où relativement peu d'acteurs bougent, on n'arrive pas à suivre tous les projets en cours à notre taff, ni les projets de lois, les positions des associations et de la société civile, etc. …) et, surtout, chacun aurait plus de boulot (hé oui, car la personne qui milite avec toi sur la vie privée par exemple, ne partage pas ta vision de la société concernant l'agriculture, et comme elle se bouge… elle te nuit, donc va falloir bouger aussi sur les sujets autour de l'agriculture), ça serait juste éreintant.