Depuis septembre 2019, je cuisine. Avant, j'avais jamais rien fait, pas même des pâtes (enfin si, j'avais fait quelques gâteaux avec ma mère dans mon enfance, mais c'est elle qui faisait le plus gros du boulot, tu vois l'genre).
Comment me suis-je nourri jusque-là ? Il y a eu maman. Ensuite, il y a eu les kebabs midi et soir durant des années consécutives. Il y a aussi eu les années consécutives de thon-œufs-chips en alternance (pour les œufs, j'utilisais un coquetier spécial four à micro-ondes). Sans compter les mois consécutifs de boîtes de conserve premier prix de raviolis-cannellonis-cassoulet-saucisses+lentilles consommées en boucle.
Tu l'auras compris, j'ai aucun goût, je prends aucun plaisir à manger, je mange parce que c'est vital, manger m'ennuie au plus haut point.
Alors pourquoi ai-je commencé à cuisiner ? Qu'est-ce que je sais faire ? Qu'est-ce qui m'a fait réduire la cadence ? Qu'est-ce que j'en retire ?
Le traquenard a commencé en 2018. Un collègue, fin gourmet de son état, me parle longuement des yaourtières. Juste des machines chauffantes pour tuer les bactéries et faire agir les ferments pour transformer du lait en yaourts. C'était bien vu : vanter le faire soi-même et la simplicité d'utilisation, ça m'a convaincu. Je me souviens même que je voulais faire les choses jusqu'au bout en utilisant du lait bio acheté en circuit-court… avant de piger que je ne vis pas dans un coin à vaches. J'ai acheté une yaourtière à 15 €. On a fait quelques séries de yaourts durant quelques mois au boulot et puis flemme… Je retiens de la yaourtière : utiliser du lait entier et des ferments (soit on en achète, soit on ajoute un yaourt du commerce au lait).
Ensuite, toujours en 2018, ce fut le retour à la boulangerie entraîné par les collègues. Avec mes parents, tous les jours, on achetait notre pain « bien cuit » (ouais, c'était notre truc) dans la boulangerie artisanale du quartier. Mes parents avaient une profonde détestation du pain industriel de supermarché. Je suis retombé dedans. Boulangeries artisanales du quartier. Pain aux céréales, pain au curcuma, épeautre, pain complet, baguette tradition, pain multigraines, pain de campagne, etc. Aucun effort à fournir, la boulangerie est sur le chemin pour aller chercher de quoi manger le midi avec les collègues. Ho, bien sûr, je suis conscient des douilles qui peuvent survenir sans que je le sache même dans une boulangerie artisanale : farines et levures standardisées parmi une toute petite sélection, pâtisseries voire baguettes industrielles surgelées livrées par des sociétés commerciales comme Coup de pâtes, etc., mais bon…
Et puis, il y a eu les appels du pied répétés des collègues. Je suis jamais resté aussi longtemps salarié d'une même organisation, donc, forcément, ça crée des liens, ça développe la confiance, ça s'entre-interroge sur le mode de vie des uns et des autres et ça formule des propositions, des petits défis, etc. Une personne en particulier m'a rassuré, boosté, expliqué, et accompagné, merci à elle.
J'ai commencé par les classiques pâtes et riz.
Puis j'ai voulu refaire ce qui a fait mon enfance : nuggets de poulet (industriels), riz au curry + échalotes, Ebly, omelette de patates (surgelées puis vraies patates), œufs (plat, coque, et dur), steak haché, haricots verts (boîte de conserve), garniture de céleri (en boîte de conserve, et ce n'est pas des cœurs de céleris), salsifis, patates sautées, patates vapeur, lentilles, semoule (pour couscous, pas la semoule fine pour faire des gâteaux !), purée (industrielle, en flocons), flans à la vanille ou au chocolat (industriels, en poudre), raviolis-cannellonis-cassoulet-saucisses+lentilles en boîtes de conserve (c'est meilleur à la casserole qu'au four à micro-ondes), alouettes à la provençale aka paupiettes de bœufs (cuisinée avec l'aide d'une amie).
J'ai tenté quelques trucs : raviolis "frais" achetés au marché couvert (en fait, il s'agit de bouffe industrielle. Quand je commandais plus que la quantité disponible sur le présentoir, on me vendait un sachet entier de 1 kg venu de la réserve, donc j'ai vu la marque), galettes de pommes de terre précuites du marché couvert (idem, c'est de l'industriel), steak haché d'une boucherie bio du marché couvert (on sent la différence de goût par rapport à du Bigard :O et ce n'est pas une remarque positive, mon palais n'est pas prêt), escalope de poulet dans la même boucherie.
C'est aussi là que j'ai fréquenté Biocoop.
Ça a duré 4-5 mois, puis j'ai voulu me recréer des habitudes… Alors ça a été nuggets de poulet industriels chaque midi et des raviolis du marché couvert chaque soir. Puis galettes de pommes de terre chaque midi et œufs au plat chaque soir. Je suis toujours sur ça. Depuis 1 an, donc.
J'ai pris des notes pour quelques-unes des recettes ci-dessus, mais je ne saurai plus refaire spontanément la plupart d'entre elles aujourd'hui.
Qu'est-ce qui m'a fait lever le pied / découragé ?
La première chose qui m'a rebuté, c'est la complexité.
Les trouzemilles variétés de patates (Monalisa, patates de consommation à chair tendre), de curry (Balti, Madras, Kerrie Mild, etc.), d'oignons (cévennes, rouge, jaune, blanc, etc.), etc. Lait entier ou demi-écrémé ? Pasteurisé ou stérilisé UHT ? Sel ou fleur de sel ? Céréales complètes ou semi-complètes ? Pour chaque aliment, t'as trouzemilles choix auxquels je comprends absolument rien. Ça rend pénibles les courses.
Durée de cuisson de chaque produit ? Durée de conservation de chaque produit ?
Ça en fait, des choses à mémoriser…
Je te parle même pas des circuits d'approvisionnement. Bio ne veut pas dire sain (des chips bio, ça reste un aliment qui fait exploser le taux de sel dans ton corps, des céréales de petit déj' bio, ça reste un produit qui fait exploser le taux de sucre, une galette de patates du marché couvert, ça reste un aliment très gras, etc.), ni circuit court ni équitable (Biocoop, c'est une centrale d'achat comme une autre, donc y'a nécessairement un rapport de force avec les producteurs, et comme c'est opaque, il faut croire Bioccop sur parole quand ils disent qu'ils sont gentils).
Sans compter le faux comme la revente, dans le marché couvert, de produits industriels achetés en gros (raviolis, galettes de pommes de terre, etc.).
Sans compter le manque d'information : quelle farine est à l'œuvre dans ce pain artisanal ? Problème du gluten qui transforme le pain en non-sens alimentaire. Quels sont les ingrédients qui composent ce plat préparé du marché couvert ? Sel récupéré à la dynamite ou gratté mécaniquement au fond de l'eau ou récupéré manuellement en surface ? Etc. Faut avoir le cran de demander au commerçant, qui va soit te sauter à la gorge, soit embrouiller le novice que tu es, soit les deux.
Au final, j'ai l'impression de faire des efforts pour apprendre ensuite qu'ils sont vains voire contre-productifs. C'est super démotivant.
Évidemment, chacun a sa façon de cuisiner. Untel dit que mettre un peu de vinaigre blanc dans l'eau des œufs durs accélère la coagulation si jamais la coquille se fissure. Unetelle dit que c'est vain. Unetelle te dit qu'après utilisation, elle met du vinaigre blanc dans la poêle afin de dissoudre les sucs et rendre le nettoyage plus aisé. Tu essayes et… ça ne fonctionne pas. Difficile de se construire un avis éclairé.
Évidemment, y'a trouzemilles tutoriels sur le web et, évidemment, ils sont contradictoires entre eux (sur le temps de cuisson, par exemple) quand ils ne sont pas inutiles par leur imprécision (quel temps de cuisson ? Quel résultat stoppe la cuisson ?).
C'est un point commun avec l'informatique : énormément de tutoriels faux / vaseux. La différence, c'est que je détecte plutôt bien les tutoriels et informations vaseuses en informatique. J'ai une culture générale qui me permet de me faire un avis, de savoir que ce tuto ne peut pas aboutir ou qu'il aura telles conséquences néfastes ou qu'il est inutile de configurer ce composant car il n'est plus utilisé de nos jours, etc.
En cuisine, je comprends rien. Je ne comprends pas ce qu'on cherche à faire, le résultat à obtenir. Je ne comprends pas ce qui a fait la réussite d'une recette genre qu'est-ce qui fait que mes œufs au plat collent à la poêle ou non ? Y'a tellement de paramètres : quantité d'huile, température de la poêle, etc. Je ne pige pas les concepts de base comme le rôle de chaque aliment dans une recette (œuf = liant, tel autre aliment = émulsifiant, etc.), ou l'entre-croisement des différents modes de cuisson (genre j'ai cru piger qu'une poêle sans couvercle est une cuisson grille alors qu'avec un couvercle ça devient une cuisson vapeur ?) ou quand il convient d'utiliser tel mode de cuisson plutôt qu'un autre. Bref, je patine, je percute pas où je vais, quel événement marque l'aboutissement d'une étape de la préparation (battre des œufs, stopper la cuisson, etc.) ?, etc.
Cette expérience en cuisine m'a rendu encore plus intransigeant envers les personnes qui se plaignent que "c'est compliqué, tes trucs d'ordinateur !". Tes trucs de cuisine là, ça l'est tout autant, connard ! Pourquoi je devrais m'impliquer, faire des efforts et pas toi, connasse ?! Ces mêmes personnes qui exigent la plus grande indulgence quand tu leur expliques un concept relatif de près ou de loin à un ordinateur, mais qui n'hésitent pas à te chier à la gueule tout en t'humiliant bien comme il faut quand tu pines pas un truc relatif à la cuisine en mode "hahaha, quoi, tu ne sais pas ça ?!", "c'est quand même pas difficile !". Ben non, je ne sais pas, et alors ?
Sur ce point, je remercie beaucoup une collègue qui a pris le temps de m'expliquer les choses, de me rassurer, de m'initier. Je suis témoin que ça lui a coûté masse de temps de travail. D'abord, elle m'a expliqué qu'il ne peut pas s'passer grand-chose de mal avec une plaque de cuisson à résistances électriques (ouais, j'ai peur du feu, et notamment d'huile versée par mégarde sur le feu genre ustensile pas nettoyé, huile qui coule sur les parois de la poêle, etc.). Ensuite, elle m'a donné les premières recettes et les premiers temps de cuisson. J'ai lu les notices sur les produits, mais c'est souvent imprécis voire manquant. Plus tard, elle a répondu LMGTFY à mes demandes de recette tout en reconnaissant que son expérience lui permettait de détecter les recettes bidonnes, les temps de cuisson abusés, de trancher les recettes contradictoires, etc. Enfin, elle m'a incité à toujours plus voler de mes propres ailes, à avoir confiance, à y aller au ressenti, etc. Je me suis jamais senti humilié, et c'est cool, car c'est une condition nécessaire de l'apprentissage.
Ça m'a fait réfléchir : ça demande masse de temps, d'efforts (sans garantie) et de bienveillance, de guider quelqu'un dans ce qu'on croit être la bonne façon de faire. Ça explique pourquoi les alternatives (informatiques ou non) sont si lentes à prendre : une personne après l'autre, lentement, avec des rechutes.
Ça, c'est clairement un frein pour moi : le temps exigé par la cuisine.
Il faut faire les courses. Afin de me motiver à cuisiner, je m'étais fixé des contraintes cools genre acheter bio et/ou circuit-court. Comme on l'a vu dans la section précédente, ce n'est pas simple, mais, en plus, aller au marché en sus du Biocoop en sus du supermarché (car, comme j'suis un humain totalement élevé par l'industrie agro-alimentaire, je ne trouve pas tout ce que je veux au marché et à Biocoop), ça prend masse de temps : on part sur 3-4 h par semaine pour faire le tour des 3 lieux contre 45 min - 1 h pour aller au seul supermarché !
Il y a la préparation de la bouffe genre éplucher et couper les patates, égoutter les haricots verts en conserve, etc. et la cuisson. Avec ma plaque de cuisson, on parle de plus de 12 minutes pour faire bouillir de l'eau dans une casserole de 16 cm de diamètre ! Après, il faut attendre 7 minutes afin que les pâtes cuisent ! On est donc sur un total de 19 minutes pour faire de simples pâtes au beurre ! Je te parle même pas des raviolis du marché couvert pour lesquels on atteint 25 minutes au total… Et encore moins des lentilles (on est au-delà des 40 minutes). Mes collègues disent de faire d'autres trucs en parallèle, mais je n'y parviens pas : j'ai toujours peur de la catastrophe ou de rater le moment ou de… Surtout, je n'aime pas me faire interrompre dans une activité comme la lecture d'un article de presse ou la correspondance avec un ami.
Peut-être que je pourrais abandonner ma plaque de cuisson à résistances électriques pour autre chose, mais quoi ? La rapidité des plaques à induction m'a bluffé, mais elles sont incompatibles avec l'un de mes dispositifs médicaux. Cuisinière au gaz ? Pas la place, pas d'arrivée de gaz de ville, flemme de me trimballer des bouteilles. Sans compter ma peur du feu (là, les débordements d'huiles, qui arrivent très fréquemment avec moi, ne pardonneront plus).
Et puis il y a la vaisselle… Je la faisais jamais avant, je ré-utilisais la même assiette en boucle sans la nettoyer. L'écologie avant tout (sarcasme) ! Au début de mes aventures culinaires, je ne nettoyais pas l'huile qui restait au fond de la poêle, jusqu'à ce que mes collègues fassent un lobbying de folie sur la dangerosité de la chose sur la santé… Il faut donc nettoyer les ustensiles, la plaque (car, forcément, je fais toujours tomber quelque chose dessus…), le plan de travail (je n'ai pas de hotte aspirante, donc la graisse se dépose bien comme il faut sur le mur…), etc. Ça prend un temps et une énergie de fou.
Je ne sais pas comment font les gens. Vraiment. Moi, à la fin d'une journée de travail, je suis mort, mais vraiment. Préparer à manger, cela épuisait ma dernière réserve d'énergie, alors nettoyer la cuisine… Impossible… Faire la vaisselle juste après la cuisson est une mauvaise idée : la bouffe sera froide et je ne supporte pas ça. La faire après manger : les taches se seront déjà partiellement incrustées. Sans compter ma fatigue / flemme. Sans compter le pic de sommeil après l'ingurgitation de bouffe. Plein de fois, j'ai oublié de bonne foi de faire la vaisselle : je suis parti me coucher, épuisé, en l'oubliant, tout simplement. Le lendemain, forcément, la graisse s'est incrustée, il faut frotter d'autant plus, ça demande encore plus d'énergie… que je n'ai pas, donc je nettoie de moins en moins au fil du temps qui passe.
Plusieurs collègues m'ont expliqué que, pour tenir, il ne faut pas cuisiner à tous les repas, il faut cuisiner en plus grande quantité et mettre de côté. Je n'aime pas la nourriture froide, donc ça signifie que je devrais la faire réchauffer… soit au four à micro-ondes (et donc pourquoi s'faire chier à cuisiner, autant rester sur les plats préparés) soit en utilisant des ustensiles… qu'il faudra donc nettoyer…
Comme pour toute autre activité, je cherche à tirer un profit du temps passer à cuisiner.
Me faire plaisir ? J'ai jamais éprouvé de plaisir en mangeant. Je mange parce qu'il le faut, point. Me préparer à manger a rien changé à cet état de fait. Et l'action de faire soi-même n'est pas satisfaisante en elle-même, d'autant que j'arrive en fin de chaîne vu que j'utilise masse de produits transformés (riz, pâtes, galettes de patates, etc.).
Manger plus sainement ? J'ai un doute.
Rien dit que j'utilise moins de sel que dans un plat préparé, par exemple. Rien dit que je consomme des produits sains. Des nuggets de poulet industriels, consommés dans un kebab ou à la maison, ça reste du minerai de viande, c'est-à-dire du rebut de peau, tendons, etc. Rien dit que j'utilise moins de matières grasses non plus. J'ai même l'impression d'utiliser masse d'huile afin que l'aliment (notamment les œufs au plat, que je n'aime pas être percés par autre que mon couteau lorsque je m'apprête à les manger) ne collent pas à la poêle.
C'est d'autant plus vrai depuis que j'utilise une poêle en inox. Ben, ouais, il paraît que le Téflon c'est très vilain pas beau, donc une amie m'a offert une poêle en inox. Il faut dire aussi que, par manque d'entretien (voir section précédente), le fond et les parois de ma poêle en Téflon étaient recouverts d'une couche noire. Probablement de l'huile carbonisée et séchée. Vu que le côté récurant d'une éponge ne parvenait pas à retirer la couche, je l'ai grattée avec un couteau et j'ai dérapé, ce qui fait penser à cette amie et à mes collègues que j'ai égratigné le Téflon, ce qui est dangereux pour la santé, paraît-il. En attendant, il me faut masse d'huile pour faire des œufs au plat ou des galettes de patates dans cette poêle en inox…
Du coup, si cuisiner me prend masse de temps sans m'apporter ni plaisir ni me pourrir moins la santé, ça réduit quand même vachement l'intérêt de cette activité.
Je pense que ce mot résume bien mon état d'esprit vis-à-vis de la cuisine : désintérêt.
Même en pratiquant tous les jours pendant 4-5 mois, je n'ai pas mémorisé les temps de cuisson, les gestes, la durée de conservation réelle des aliments (parce que les dates affichées sont quand même bien du pipeau…), le calendrier saisonnier, etc.
Un collègue m'explique longuement la différence entre pasteurisation du lait et stérilisation UHT (je crois que la stérilisation est plus rapide mais qu'elle tue aussi des protéines de lait bonnes pour la santé), entre le sel et la fleur de sel (je ne sais plus la différence), les céréales complètes ou non (je crois qu'on conserve l'enveloppe des complètes, enveloppe qui contient des fibres et autres trucs sympas), la composition du curry (c'est un mélange d'épices d'où il existe plusieurs types de curry, mais j'imagine qu'il doit y avoir des épices communes à tous les types afin de donner la couleur et le goût approximatif), etc. et j'oublie tout…
Essayons de positiver : j'ai compris les expressions « surveiller comme le lait sur le feu » et « soupe au lait ». \o/ Le lait passe très rapidement de l'état calme / stagnant à l'état "j'ai débordé partout".
C'est peut-être pour ça que j'ai le sentiment de patauger, de rien comprendre, etc. : sans intéressement, rien est faisable.
Parlons un peu des trucs "drôles" qui me sont arrivés durant mes premiers pas en cuisine.
Je ne vais pas évoquer ma coupure au doigt avec un couteau à pain qui dérape ni celle en ouvrant une boîte de conserve ni mes mini-brûlures à répétition avec une poêle, car ça arrive aux meilleurs.
Un jour, en début d'aprem, un collègue me dit que je pue la friture. Je réponds que je me suis fait des galettes de patates le midi. Sujet clôt. Il revient à la charge un autre jour. Je ne porte pas les mêmes habits que depuis ma dernière préparation de popote. :O Ce n'est pas normal, tout ça, qu'il me dit. Un autre collègue approuve : il osait rien dire, mais je sens comme si je vivais dans un kebab. Ha. En discutant, ils comprennent que je mettais beaucoup trop d'huile dans la poêle (je faisais en sorte qu'un mince filet recouvre tout le fond et que la galette baigne dedans) et que je nettoyais jamais l'huile qui traînait au fond. Ma réaction ? « Bah on m'a dit de mettre de l'huile, je mets de l'huile moi ! :D ». Plus de remarque après avoir réduit la quantité d'huile. :D
Je veux me préparer de la semoule. Comme ça, pour manger en sus d'un bout de viande. Je respecte les proportions d'eau et de semoule indiquées sur la notice, mais la semoule ne gonfle pas. Je tente au four à micro-ondes. Toujours pas. Je remets pour un tour. Odeur bizarre. J'avais mis un couvercle en verre sur le bol. Une vis fixait l'embout (pour le saisir) au couvercle. Forcément, elle a chauffé et elle a fait fondre l'embout autour d'elle… Au final, j'avais acheté de la semoule fine. Celle-ci permet de confectionner des gâteaux, mais elle n'est pas l'équivalente de la grosse semoule, dite « à couscous » que l'on peut aussi manger comme plat principal (comme je le fais). Ça m'aura rappelé de faire attention au moindre détail de ce que l'on met dans un four à micro-ondes…
Il y a aussi eu un nettoyage foireux de ma plaque de cuisson à résistances électriques. Elle est extrêmement sale, donc je la nettoie avec du dégraissant en frottant avec insistance et véhémence. Sans que j'y prenne garde, le cadre se déclipse à l'arrière et une légère pente (ou descente, en fonction du point de vue) se forme. L'eau s'écoule, suit le câble électrique, remonte jusqu'à la plaque et… court-circuit, donc disjoncteur général désarmé… en pleine nuit. Au final, rien de grave : réarmer le disjoncteur, attendre 24 h que la plaque sèche, et tout re-fonctionne.
J'ai commencé à cuisiner (hors four à micro-ondes et mettre du thon dans une assiette avec de l'huile d'olives et du vinaigre, quoi) à partir de septembre 2019.
J'ai cuisiné varié pendant 4-5 mois avant de laisser tomber et de basculer dans des routines malsaines : nuggets de poulet industriels le midi + raviolis du marché couvert le soir puis galette de patates le midi + œufs au plat le soir. Je suis toujours dans cette deuxième routine tout en nettoyant très insuffisamment mes ustensiles. Comme mes anciennes routines alimentaires, rien de neuf.
Ce qui m'a le plus découragé, c'est le temps et l'énergie que cuisiner prend sans que j'y prenne plaisir ni que ça signifie que je mange plus sainement. Comme je ne prends pas plaisir à manger, je ne prends pas plaisir à cuisiner (je pense), ce qui n'aide sûrement pas à mémoriser les gestes, les temps de cuisson, etc. ni à comprendre ce que fait vraiment une recette (pourquoi cet assemblage précis d'aliments ?), ce qui ne simplifie pas les choses.
Après avoir regardé au fond de moi, j'en ai déduit que j'ai cuisiné afin d'en causer avec les collègues. Causer de trucs d'informatique ou de droit ou d'actualité, ça a jamais pris, alors que tout le monde parle cuisine. Ça faisait un sujet de conversation et d'intérêt. Mais, comme il n'existe pas une infinité de plats qui me plaisent un minimum, le sujet s'est tari, donc je n'avais plus intérêt à cuisiner, d'où j'ai laissé tombé pour du rapide et routinier.
Je ne conçois pas de pistes d'améliorations. :- Je pourrais réduire le temps des courses en achetant tout au supermarché plutôt que de cumuler marché + Biocoop + supermarché, mais la cuisson et la vaisselle prennent beaucoup plus de temps et d'énergie que les courses. C'est ça, le vrai point bloquant, à mon avis.
Puisque je n'aime pas manger, j'ai toujours dans ToDo, et ce depuis plusieurs années, de tester le subtitut alimentaire Soylent ou autres produits équivalents. Mais il faut commander via le web, c'est chiant et tout… Flemme. Et ça paraît tellement vaseux…