Pas un samedi sans des accusations de bavures policières. Depuis le 17 novembre, « Ier acte » des gilets jaunes, l’inspection générale de la police nationale — les bœuf-carottes — laisse mijoter 227 plaintes (chiffre au 30 avril) pour bavures en tout genre (violences avec ou sans armes, injures, etc.). La justice, elle, en a dénombré 291.
Question : combien d’enquêtes ont abouti à ce jour ? Euh… zéro, reconnaissent poulets et magistrats. A Paris, tout de même, selon l’un d’eux, « une quarantaine de procédures ont été clôturées et retournées au parquet. Elles sont actuellement en cours d’analyse ». Il suffit d’être patient…
Pourtant, un fin gant candidat à la présidentielle professait, le 13 mars 2017 : « Dès qu’il y a bavure, il doit y avoir une réponse et une sanction. » Si Castaner avait appliqué à la lettre les consignes de Macron dans les cas les plus simples, l’exécutif n’en serait sans doute pas à devoir justifer les violences policières, et les flics eux-mêmes se seraient sans doute moins lâchés.
Dans son rapport annuel de 2017 (le dernier disponible), l’IGPN indiquait que « la durée moyenne du traitement (des dossiers) s’était allongée de 22 jours » par rapport à 2016. La faute à « une baisse non négligeable d’enquêteurs : de 10 % ». La tendance s’est confirmée en 2018 et, pour 2019, « la priorité des recrutements était la voie publique », observe une huile de Beauvau. Pas les bœuf-carottes… Et les gendarmes ? Ils narguent les flics ! Depuis le 17 novembre, selon leurs propres données, 41 « signalements » ont été effectués, 15 enquêtes enclenchées, 10 classées sans suite, et 5 seulement se trouvent toujours en cours de traitement judiciaire.
De vrais petits saints, ces pandores…
Dans le Canard enchaîné du 8 mai 2019.