Pauvres députés macronistes ! Le 29 mai, en compagnie d’une poignée de députés LR, une trentaine d’entre eux avaient rejeté l’amendement déposé par Matthieu Orphelin, député LRM proche de Hulot, qui vise à interdire le glyphosate d’ici à 2021. Leurs électeurs les avaient alors vivement interpellés. Six mois auparavant, le président Macron ne s’était-il pas engagé par écrit à faire interdire le glyphosate « au plus tard dans trois ans » ? Pourquoi trahir cette promesse ? Pourquoi refuser de l’inscrire dans la loi ?
Le 15 septembre, rebelote : un amendement du même tonneau est rejeté par 42 députés (dont les mêmes 34 macronistes). Depuis, comme le raconte « Le Monde » (19/10), ils vivent l’enfer. Dans la rue, on les apostrophe : « Vous êtes tous vendus aux lobbys ! Honte a vous d’être avec Monsanto ! » Ils reçoivent des mails indignés par centaines. On les présente comme les « 42 salopards ». Et parfois, forcément, ça dérape (insultes et menaces de mort). Heureusement, l’ex-ministre de l’Agriculture Stéphane Travert a exprimé son soutien à ces députés « injustement insultés, bafoués, caricaturés sur les réseaux sociaux »…
Du coup, ils s’échinent à expliquer en chœur qu’ils sont « profondément » contre le glyphosate, mais qu’il faut y aller mollo, sans « braquer les agriculteurs », car la situation sur le terrain est complexe, les voilà réduits à « faire la pédagogie de leur vote »… La députée de l’Isère Cendra Motin a ce mot magnifique : « On demande aux gens de nous croire sur parole. Or ils ne croient que les actes… »
Ah, les gens ! Indécrottables !
Qu'il⋅elle⋅s sont mignon⋅ne⋅s. :') Cependant, ça en dit long sur l'état de délabrement de notre démocratie…
On notera qu'un baratin similaire est en train de se mettre en œuvre en opposition à la volonté de Ruffin de désigner publiquement les responsables du rejet préalable d'une proposition de loi concernant la rémunération (actuellement scandaleusement basse) des accompagnateur⋅rice⋅s scolaires des enfants handicapé⋅e⋅s et l'accueil de ses mêmes enfants dans nos écoles publiques.
Dans le Canard enchaîné du 24 octobre 2018.