À la lecture croisée de ses deux articles de journaux, je ne peux m'empêcher de me demander : c'est quand que nous arrêtons d'être cons ? Oui, nous-tous, là, chacun d'entre nous, c'est quand que nous arrêtons d'être cons ?
Au secours ! En 2018, plus de 600 médicaments se sont retrouvés en rupture de stock, contre 44 en 2008. Et l’armoire à pharmacie ne s’est pas regarnie depuis. Le 8 juillet, Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, a pondu un plan pour lutter contre les pénuries et faire pression sur les labos. Seul hic, « il manque encore les sanctions. Or, sans sanctions, on reste au niveau de l’incantation », déplore Gérard Raymond, le président de France Assos Santé, qui représente les patients.
Les industriels, eux, produisent de plus en plus à flux tendu, sans se soucier des stocks — sauf quand les médocs sont très chers et très rentables… Et tant pis pour les patients qui ne trouvent plus de cortisone, d’anti-infectieux ou même d’anticancéreux ! Exemple : l’Immucyst, un médicament contre le cancer de la vessie, est en rupture chronique. Il existe bien un médoc alternatif, mais « avec une moins bonne tolérance, ayant entraîné l’arrêt du traitement chez certains patients, d’où une vraie perte de chances », explique dans « Le Monde » (7/7) le pharmacologue Alain Astier.
Le plan de Buzyn présente tout de même une nouveauté, préconisée par un rapport sénatorial de septembre 2018 : mettre en place une « solution publique » afin de garantir l’approvisionnement. L’Assurance-maladie, Santé publique France ou le Service de santé des armées pourraient ainsi constituer leurs propres stocks en important des médocs et les distribuer en cas de pénurie.
Tu veux dire que c'est encore le public, donc le contribuable, qui va réparer la merde du privé ? Je croyais que Saint-Marché organisait tout bien l'économie sans intervention humaine ?! :O
Pilule amère
C’est la guerre ! Enfin, pas tout à fait : pour l’heure, cette insolente proposition n’en est qu’au stade de l’« expertise », le temps, précise la feuille de route du ministère, que soit étudiée « sa faisabilité ». Le gouvernement ne va pas jusqu’à suggérer de nationaliser la production de médicaments vitaux. De peur de passer pour communiste ? Les Etats-Unis de Trump en prennent pourtant le chemin.
En 2018, plus de 800 hostos américains se sont regroupés pour créer une entreprise pharmaceutique… d’intérêt public. Cette société à but non lucratif, baptisée Civica RX, entend « réduire les pénuries chroniques de médicaments qui ont provoqué une crise nationale et ont eu un impact négatif sur la vie des patients depuis plus d’une décennie », explique son site Internet. L’organisation prévoit de commencer par la fabrication de 14 médocs « à prix abordable ». Une idée de malade !
Il y a rien d'intérêt public là-dedans : tout cela sera in fine facturé au patient. Cela va accroître les inégalités : t'es riche ? On va te soigner, avec médocs sur commande. T'es pauvre ? Adieu. Je ne vois pas de quoi me réjouir.
Certains lycéens sont plus égaux que d’autres… A la rentrée 2019, les subventions versées par les régions pour les manuels scolaires s’échelonnent de 200 euros par élève (Ile-de-France, Nouvelle- Aquitaine) à… 20 euros (Bretagne, Bourgogne). Depuis la loi Peillon de 2013, chaque région choisit librement le montant de ces aides. Et, lorsqu’il s’agit d’acheter huit nouveaux manuels pour les classes de seconde, et encore huit pour celles de première — du fait des nouveaux programmes —, les inégalités territoriales s’accentuent… « L’Etat nous fait payer une réforme qui nous échappe et qui coûte super cher ! peste Hervé Morin, le président de l’association Régions de France. Alors chaque région se débrouille comme elle peut… »
En Bretagne, où la subvention pour un lycéen est passée de 33 euros à 20 euros, c’est la dèche : au lycée Jean-Guéhenno (Fougères), pour les élèves de première, ce sera un manuel par classe, soit 5 manuels pour 150 élèves. Au lycée Chateaubriand (Rennes) on recommande carrément les photocopies pour l’histoire-géo en seconde et en première. Quant au lycée Tristan-Corbière (Morlaix), il a trouvé la solution pour la seconde pro : zéro manuel !
Vivement la rentrée…
Dans le Canard enchaîné du 10 juillet 2019.