Un décret permet aux préfets de 15 départements du sud de la France d'autoriser les agriculteurs à pomper plus de flotte dans les rivières pour irriguer leurs champs. Un arrêté ministériel de 2015 autorise les exploitants de station d'épuration à rejeter sans traitement 5 % des eaux usées. :O Prolifération d'algues, asphyxie de la faune, empoisonnement de la faune et de la flore, etc.
Mauvaise nouvelle pour les poissons. Un décret, adopté en catimini au cœur de l’été, autorise les agriculteurs à pomper plus de flotte dans les rivières, alors que nos cours d'eau en manquent cruellement. Actuellement, pas moins de 87 départements ont été déclarés en état de sécheresse !
Depuis le 6 août, dans 15 départements du sud de la France, les agriculteurs ont le droit, si les préfets leur donnent le feu vert, de siphonner quatre fois plus d'eau que ce qui était autorisé jusqu'à présent pour irriguer leurs champs. Pour que les poissons gardent de quoi barboter, le Code de l'environnement limite le pompage de sorte que la rivière ne descende jamais en deçà d'un dixième de son débit moyen sur l’année. Une dérogation que les pêcheurs gardent en travers de la gorge, comme une arête.
Selon eux, faire baisser le niveau, c’est prendre le risque d'augmenter la température de l'eau, ce qui favorise la prolifération des algues, lesquelles vont consommer plus d’oxygène au détriment de la pescaille [N.D.L.R : sic ]. La Fédération nationale de la pêche en France (FNPF) vient donc d'attaquer ledit décret devant le tribunal administratif. La FNPF dénonce le lobbying tenace d’un député LRM des Hautes-Alpes qui, il y a quatre ans déjà, sous l’étiquette du Parti radical de gauche, avait tenté, via un amendement au projet de loi Biodiversité, d'assouplir, au profit des agriculteurs de montagne, la réglementation sur le débit minimal des rivières.
Les pêcheurs s'inquiètent d'autant plus pour les branchies des poissons qu'un passe-droit, accordé, cette fois, aux exploitants des stations d'épuration, participe lui aussi à raréfier l'oxygène dans les cours d'eau. Pondu à l’été 2015, un arrêté ministériel autorise en effet ces derniers à rejeter à la flotte, sans les traiter, 5 % des eaux usées. Autant de déchets organiques qui piquent de l'oxygène aux poissons, au point parfois de les asphyxier.
Grâce à ce cadeau réglementaire, les collectivités locales et les groupes spécialisés dans l'assainissement de l'eau, comme Veolia ou Suez, n'ont pas a mettre la main a la poche pour redimensionner leurs installations ou construire des bassins de rétention afin d'éponger le surplus de flotte charrié par les épisodes pluvieux exceptionnels qui se multiplient sur fond de bouleversement climatique.
De là à dire que le gouvernement est tout ouïe pour certains lobbys…
Dans le Canard enchaîné du 9 octobre 2019.