Le premier ministre israélien, Netanyahou, souhaite modifier la constitution de son pays afin d'échapper à la justice qui se rapproche de lui pour des histoires de corruption.
Plusieurs dizaines de milliers de personnes manifestaient le 25 mai à Tel-Aviv contre Benyamin Netanyahou et sa corruption. Que le Premier ministre israélien et sa famille soient gravement corrompus n’est pas un scoop pour les lecteurs de cette chronique, qui ont eu plusieurs fois l’occasion de connaître les quatre dossiers criminels ouverts contre Netanyahou pour corruption et trafic d’influence. Pourtant, ce qui a motivé les nombreux manifestants de Tel-Aviv, ce sont moins les affaires de corruption du Premier ministre que les changements constitutionnels que ce dernier veut faire adopter par un Parlement dont la majorité est totalement à sa botte, changements dont le seul but est d’échapper àla justice et, le moment voulu, à la prison.
Les projets en gestation sont nombreux et variés : depuis la « loi française », qui empêche de traduire en justice un président en exercice (dans ce cas un Premier nünîstre), jusqu’à une loi d’amnistie spécifique pour Netanyahou. Face à l’obstacle que représente la Cour suprême, les agents de Netanyahou ont rédigé un amendement constitutionnel pour abolir une partie des prérogatives de cette institution qui a longtemps été un des garde-fous les plus efficaces contre les dangers d’un absolutîsme de l’exécutif.
« Netanyahou voit se rapprocher les barreaux de la prison et il est déterminé à tout faire pour s’en éloigner. “Tout”, c’est-à-dire détruire totalement l’État d’Israël », écrit l’éditorialiste du Haaretz Abed L. Azab (20 mai). Le Premier ministre actuel n’a pas la souplesse qui caractérisait son prédécesseur, Ehud Olmert, lequel, après une rude bataille juridique, a su accepter qu’il aurait à séjourner plusieurs années en prison (pour des affaires de corruption bien moins graves que celles dent est soupçonné Neteuyahou). Celui-ci ne se considère pas connue le commun des mortels : il se prend pour l’élu de Dieu ou du destin juif, et voit le pouvoir (et les bénéfices matériels qu’il en tire et qui se chiffrent en millions de dollars) comme se propriété privée, ou plutôt familiale.
Contrairement à Olmert, Netanyahou tremble de tout son corps devant l’éventualité d’avoir pour voisins des délinquants de droit commun à la place des multimillionnaires de C&sarée et de Miami. Comme le dit Abed Azab, il est donc prêt a casser la baraque, a provoquer la destruction de l’État et de ses institutions, à prendre le risque d’une véritable guerre civile, pour échapper à la chute et ne pas avoir à revêtir l’uniforme orange des détenus.
Si son emrîronnement politique, dont la majorité des députés du Likoud, se conduit comme un gang mafieux prêt a tout casser pour protéger le boss, Netanyahou, lui, n’a pas l’étoffe d’un Al Capone ou d’un Meyer Lansky : il a peur de la prison, il panique à l’idée de ne plus être le sultan. Il n‘en est que plus dangereux pour la pérennité de l’État et de ses institutions.
Dans le Siné Mensuel de juin 2019.