Toujours plus haut, toujours plus fort ! Mercredi 29 novembre, le tyran nord-coréen a fait tirer un missile balistique intercontinental qui a volé 53 minutes et atteint une altitude de 4 475 kilomètres.
Jusqu’ici, Kim Jong-un avait montré qu’il pouvait frapper jusqu’en Alaska. Avec ce tir-là, il prouve que New York ou Washington sont à sa portée. Estomaqué, Trump, qui affirmait, lors de sa récente tournée en Asie, que jamais Pyongyang n’aurait une technologie à la hauteur, n’a lâché qu’un faiblard : « On va s’en occuper ». De son côté, Macron a dénoncé ce tir « irresponsable ». Et l’ONU a annoncé de nouvelles sanctions — ce ne sera guère que la 9e fois. Tandis que le président sud-coréen montrait des signes de panique en priant les Etats-Unis de ne pas envisager de frappe préventive. Jamais, depuis la fin de la guerre froide, le monde n’a été si près d’un conflit nucléaire… Mais, bon, puisqu’on y a échappé jusqu’ici, pas de raison de s’inquiéter ?
Le 10 décembre à Oslo, l’association Ican va recevoir le prix Nobel, qui lui a été décerné pour l’abolition des armes nucléaires. Elle a réussi à faire en sorte qu’en juillet pas moins de 122 pays fassent adopter par l’ONU un traité par lequel ils s’engagent ‘a ne jamais fabriquer, ni détenir, ni utiliser la Bombe. Ils ont, en prime, demandé aux neuf pays « nucléaires » de désarmer. Et n’ont reçu que ricanements en retour.
La France a voté contre ce traité, évidemment, comme l’avait fait Hollande. Pour la cérémonie de remise du Nobel, la France, le Royaume—Uni et les Etats-Unis n’enverront pas leurs ambassadeurs, comme il est de coutume. Mais des diplomates de second rang. « Ils aiment tellement leurs armes nucléaires, et n’aiment pas ceux qui essaient de les interdire », a commenté Béatrice Fihn, la directrice d’Ican.
Mais si, voyons, puisqu’ils veulent l’interdire à la Corée du Nord !
Dans le Canard enchaîné du 6 décembre 2017.