Intéressante table ronde sur la surveillance numérique réalisée une semaine après l'attentat de novembre 2015.
Notes :
- La surveillance a toujours existé sous une forme ou une autre, mais l'informatique permet une surveillance à bas coût (stockage pas cher, plus besoin d'avoir des humains derrière chaque espionné, etc.), réalisée depuis plusieurs acteurs (un journal, son hébergeur, ses régies publicitaires, le fournisseur d'accès à Internet de celui qui le consulte, etc.), et avec un contrôle forcément moindre (contrairement à un facteur indélicat ou au clic de déclenchement d'un enregistreur téléphonique à l'ancienne, l'ouverture d'une correspondance privée numérique ne se voit pas, se consigne difficilement de manière fiable donc se prouve difficilement) ;
- Si l'on invente un algorithme de détection des terroristes fiable à 99,5 % (ce qui serait déjà un exploit), alors le coût des faux positifs serait énorme sauf s'il y a plusieurs centaines de milliers de terroristes, ce qui le rend inutile puisqu'il faudra des moyens financiers et humains impossibles à mobiliser pour contrôler ces faux-positifs. Si l'on part sur un postulat de 1000 terroristes potentiels, l'algorithme en détectera 995 (1000 * 0.995) et produira 335000 (67000000-1000 * 0.005) faux positifs ;
- Le média le plus consulté d'une époque est toujours le plus censuré. Dans les années 60-70, la presse papier était moins censurée que la télévision (ORTF, ministre de l'information, etc.), qui était le média le plus regardé ;
- Vinton Cerf explique que Google (son employeur) ou un service étatique peut bien surveiller tout le monde car, dans tout petit village, tout le monde surveille tout le monde en permanence. Il oublie de mentionner que, dans le petit village, il y avait réciprocité de la surveillance : X sait ce que fait Y qui sait ce que fait X. Il oublie également que les villageois avaient conscience du processus. Dans les deux cas, ce n'est pas le cas avec un service de renseignement ou un service numérique ;
- Il n'est pas délirant d'exiger du citoyen un socle minimal de compétences numériques. Lire et écrire furent des compétences réservées à une élite avant de se démocratiser et d'être un pré-requis quotidien.