L’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam) affiche une petite mine. Ses principaux dirigeants — présents et passés — doivent bientôt être entendus par la section de recherche de la gendarmerie de Paris. Une enquête préliminaire a été déclenchée il y a près de deux ans par le parquet national financier, à la suite d’un contrôle de la Cour des comptes. Les enquêteurs cherchent à mettre la main sur 25 millions d’euros. « Cet argent s’est évaporé, assure une source judiciaire. On ne sait pas encore où. Ni dans la poche de qui. » Pas dans celle des victimes, en tout cas.
En 2017, l’Oniam a géré 4 600 demandes d’indemnisation et a versé près de 135 millions d’euros à des victimes d’accidents médicaux et autres aléas thérapeutiques — un chiffre inédit depuis sa création, il y a quinze ans. Pourtant, constate une source proche du dossier, « c’est un incroyable bordel, multiforme. Une gestion budgétaire et administrative ahurissante pour une telle structure publique ». Près de 30 millions d’euros de créances, par exemple, n’ont pas été identifiées. Et autant n’ont pas été réclamées aux assureurs et aux mutuelles entre 2011 et 2015 !
L’un des anciens cadres de l’Oniam, notamment, se serait gardé de réclamer son dû à une compagnie d’assurances avec laquelle il partageait des intérêts financiers. Si on ne peut plus avoir d’amis…
La Cour des comptes s’est ainsi intéressée à deux marchés de communication : l’un, en 2013, d’un montant de 245 000 euros, et l’autre, en 2016, de 480 000 euros. Si tous deux s’exécutent, en principe, à émission de bons de commande, les magistrats de la Rue Cambon n’ont trouvé aucune trace desdits bons. Quant aux factures, elles sont « sommaires ». C’est grave, docteur ?
Dans le Canard enchaîné du 21 novembre 2018.