Que répondez-vous à Stéphane Richard, PDG d'Orange, qui déclare qu'abandonner la neutralité du Net est "une obligation" ?
Stéphane Richard est dans son rôle. Il explique que ses envies sont des obligations, et que l'univers devra bien se plier à son petit désir. Mais les arguments qu'il avance sont faibles. Il nous parle de voitures connectées. Quand les voitures autonomes seront en vente libre, il y a une chose certaine : elles devront pouvoir fonctionner même quand elles n'ont pas d'accès au réseau. Pour pouvoir rouler à la campagne, ou simplement dans un tunnel ou un parking.
Stéphane Richard nous enfume. Il nous parle du fait que les plateformes ne financent pas les investissements. C'est structurellement faux : Google réalise des investissements bien supérieurs à ceux d'Orange, par exemple.
En effet, depuis plus de 7 ans, Google, Microsoft, Facebook financent, en partie, des fibres optiques très haut débit sous-marines qui profitent à tout le monde, en plus de développer leur réseau privé et leurs produits, par exemple. Exemples : https://en.wikipedia.org/wiki/FASTER_(cable_system) , http://pldcglobal.com/ , https://news.microsoft.com/features/microsoft-facebook-telxius-complete-highest-capacity-subsea-cable-cross-atlantic/ .
D'une manière générale, on parle de 7, 9, 10 milliards de dollars d'investissement en 2017 chez Amazon, Google, Microsoft et Apple. On parle d'environ 8,6 milliards de dollars pour Orange en 2016.
Mais surtout c'est une erreur d'échelle. Sans neutralité du Net, Orange pourrait espérer "taxer" les plateformes de quelques millions d'euros, quelques dizaines de millions au mieux. Or les investissements dans le monde des télécoms se chiffrent en milliards d'euros par an. Il y a un facteur 1.000 entre les deux ! La fin de la neutralité du Net ne changerait rigoureusement rien dans le financement des investissements.