La Commission européenne soupçonne le Royaume-Uni de faire n’importe quoi avec le fichier de police de l’espace Schengen aimablement prêté par Bruxelles… Un rapport confidentiel de ladite Commission, débattu en petit comité le 12 avril, relève l’existence de « très sérieuses déficiences légales, techniques et opérationnelles » dans la gestion par les British de cette superbase de données permettant de croiser des renseignements (personnes suspectes, recherchées ou disparues, objets ou véhicules volés, etc.), soit plus de 70 millions de signalements.
Au nom de la lutte antiterroriste, la Grande-Bretagne — qui ne fait pas partie de l’espace Schengen — s’était vu accorder, en 2015, l’accès au « Système d’information Schengen » (SIS).
En novembre dernier, des inspecteurs bruxellois sont allés vérifier l’usage qu’en faisaient les flics britanniques. Ils n’ont pas regretté le voyage. Non content de recopier illégalement le contenu du SIS dans ses propres bases de données, Londres a sous-traité la gestion de ces infos ultrasensibles à des géants mondiaux de l’informatique, tels l’américain IBM ou le canadien CGI.
Au passage, la flicaille d’outre—Manche est accusée de refuser de partager ses propres informations, alors même qu’elle pioche sans vergogne dans celles recueillies par ses collègues du continent.
En 2016, elle a ainsi interrogé 514 millions de fois le SIS, n’y enregistrant, dans le même temps, que… 174 nouvelles empreintes et 321 photographies. Effaré, le comité Schengen de l’UE a dénoncé, le 12 avril, des manquements « d’une ampleur inédite ».
Avant de laisser les choses en l’état. Pour l’instant…
Dans le Canard enchaîné du 9 mai 2018.