C'est un village de la Meuse tout ce qu’il y a de plus tranquille. Mandres-en-Barrois, même pas 150 habitants. Lesquels en ont marre. Bure est à deux pas. Leur maire ayant cédé les 220 hectares du bois Lejuc pour qu’y soient creusés des puits d’accès à ce qui sera la plus grande poubelle souterraine nucléaire française, une poignée d’activistes se sont installés à demeure. Ils veillent jalousement sur la forêt. Il faut dire que l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) s’était mise à défricher et à bétonner ce bois en toute illégafité. En mai, la cour d’appel de Nancy a ordonné à l’Andra d’arrêter les travaux.
Pour surveiller les activistes qui surveillent la forêt, il y a des tas de gendarmes. A demeure, eux aussi. Un peloton de surveillance et d’intervention, carrément : un pandore pour deux habitants !
Comme les gendarmes ne sont guère physionomistes, ils n’arrêtent pas de contrôler les mêmes personnes. Non seulement les activistes, mais aussi les villageois les plus innocents qui soient ! Plusieurs d’entre eux sont allés voir le maire. Lequel leur a délivré une belle attestation, qu’ils prennent soin désormais d’avoir en poche afin de pouvoir circuler librement.
Quand « Le Canard » lui demande combien d’attestations il a délivrées, le maire aboie : « Vous êtes de la police ? » Et il raccroche.
Ce n’est pas demain la veille qu’il délivrera la même attestation aux méchants activistes…
France, 2017, il faut une attestation pour se promener quasi-librement dans un village au bord d'un site à visée industrielle… Magnifique, non ? :(
Dans le Canard enchaîné du 29 novembre 2017.