Surprise ! Parmi les cinq prétendants toujours en lice pour diriger un autre média public, La Chaîne parlementaire (LCP), c’est le candidat de dernière minute, Bertrand Delais, qui a obtenu la meilleure note à l’écrit. La quinzaine de députés du comité de sélection, présidé par le LRM Hugues Renson, ne s’y est pas trompée : le confrère Delais est le réalisateur préféré de Macron. Et il est poussé par Bruno
Roger-Petit, le porte-parole de Jupiter à l’Elysée.Déjà auteur de deux portraits élogieux de son idole, « Dans la tête d’Emmanuel Macron » et « Macron, en marche vers l’Elysée », diffusés sur France 2 après l’élection, Delais prépare depuis quatre mois un troisième docu, consacré à… l’ami Emmanuel, bien sûr. Aperçu de son insolence, voilà le message que le journaliste avait posté sur son compte Facebook (puis vite retiré) au lendemain de la présidentielle, alors que son docu sur la campagne était programmé sur France 2.
Bertrand Delais a partagé la vidéo de Envoyé spéciai.
Merci à vous tous… J‘espère que ce film donnera à comprendre la force peu commune de notre nouveau président, sa capacité de contrôle, son regard distancié et sa détermination sans faille. Mais surtout, il est et et demeure un homme libre.
Merci à vous tousC’est le 12 février que les cinq derniers candidats à la présidence de LCP passeront l’oral. Le patron de l’Assemblée, François de Rugy (LRM), choisira ensuite l’heureux élu. D’ici là, l’arbitre au « regard distancié » lui aura peut-être fait savoir sa préférence…
Si cela se produisait, je serais inquiet pour le devenir de l'audiovisuel public. Révocation de Gallet (Radio France), la justice qui avance subitement sur le sujet de l'élection sujette à suspicion d'Ermotte (France Télés) et possible nomination à la tête de LCP téléguidée par l'Élysée… Tout ça après que Macron ait visiblement dénoncé, en petit comité, la « honte de la République » que constitue, selon lui l'audiovisuel public…
Là encore, qu'on n’interprète pas mes propos à rebours : il est nécessaire de sanctionner les comportements illégaux ou sans éthiques quand ils sont avérés. Donc je ne pleurerai pas Gallet (marchés sans appel d'offres, rénovation de son bureau pour 105 000 € d'argent public, etc.), ni Ermotte quand les faits seront avérés (nomination aidée par le Conseil d'État et/ou retour d'ascenseur du président du CSA qu'elle aurait pu contribuer à pousser à cette place ?). Néanmoins, je m'interroge sur la synchronisation entre les propos de Macron et les actions conduites ainsi que sur l'après : qui remplacera Gallet (et Ermotte) et est-il sain d'avoir un audiovisuel public dirigé par l'Élysée (qu'il soit sarkoziste, hollandais ou macronien, hein) ?
Dans le Canard enchaîné du 7 février 2018.