Le 17 octobre, un salarié du siège de la CGT, à Montreuil, traînait son employeur devant les prud’hommes de Bobigny. Tel un vulgaire patron voyou, le syndicat a fait valoir qu’il n’avait pas eu le temps de préparer son dossier et a obtenu un renvoi de l’audience et voilà sept mois de gagnés ! Le salarié querelleur n’est autre que le chef du service de sécurité de cet imposant bâtiment qui se dresse au bord du périphérique (5 hectares de planchers et 800 salariés).
L’homme réclame le paiement de ses heures sup et celui des astreintes quotidiennes qui, depuis son embauche, il y a dix ans, anéantissent sa vie privée. Total : plus de 57 000 euros. Accessoirement, il attend toujours le statut de cadre qui lui a été promis. Mais son employeur fait le mort…
Syndicat pirate
Philippe Martinez, le patron de la CGT, prétend que la gestion des locaux est du ressort d’une association de droit privé, l’Aful-CGT. Rien à voir avec la CGT, bien sûr ! « On nous répète que la Confédéra- tion ne peut s’ingérer dans le fonctionnement d’une entreprise indépendante », peste un membre du syndicat CGT de l’entreprise… CGT. Le président de l’Aful-CGT n’est autre que le bras droit de Martinez au bureau confédéral. Et son directeur est un habitué des prud’hommes. Téméraire, il menaçait, il y a deux ans, de traîner la CGT en justice pour invalider la désignation d’un délégué. Il a ensuite organisé la création d’un syndicat CGT pirate contre la section en place — syndicat que les salariés ont battu aux élections. Puis il a cherché à faire annuler — jusqu’en cassation — un précédent jugement des prud’hommes qui obligeait la CGT a payer les astreintes gratuites imposées à de nombreux salariés du siège. « On a fait une collecte auprès du personnel pour payer les frais d’avocat », raconte un syndiqué.
Soucieux de ne pas sombrer dans le ridicule, Martinez a fait reculer la tête brûlée. CGT contre CGT, la centrale de Montreuil nage en pleine schizophrénie. Et ce n’est qu’un début.
Le combat continue !
Dans le Canard enchaîné du 1er novembre 2017.