Des HLM qui restent vides faute d’habitants à loger, des immeubles récents promis à la démolition… Bienvenue dans les déserts français, ces territoires qui ne cessent de perdre des habitants pour cause de chômage de masse.
Montluçon est champion de cette situation ubuesque, avec 18 % d’habitations inoccupées, dont près d’un millier de logements sociaux (« Le Monde », 1/6). La crise y tourne au cercle vicieux : la baisse du nombre de locataires appauvrit les organismes de HLM ; puis les bailleurs augmentent les loyers et économisent sur l’entretien ; enfin, les habitants ne peuvent plus payer et débarrassent le plancher, et ainsi de suite…
A l’inverse, d’autres sociétés de HLM se portent comme un charme, et leurs finances sont jugées plutôt « dodues » par l’Ancols, le corps d’inspection du logement social. Parmi elles : Domnis, une boîte gérée par des œuvres charitables chrétiennes très conservatrices, comme la Fondation Jérôme-Lejeune (anti-IVG) ou l’Ordre de Malte. Elle gère 11 000 appartements à Paris et en banlieue, une zone où les candidats-locataires ne manquent pas vraiment.
Les inspecteurs ont découvert que Domnis n’était pas toujours très charitable : son parc compte deux fois moins de bénéficiaires de l’allocation logement que les autres boîtes de HLM, et la loi Dalo (Droit au logement opposable) n’y est appliquée qu’au compte-gouttes.
En prime, la machine à piston y fonctionne à merveille : l’Ancols y a débusqué 13 appartements attribués, à Paris, à des candidats dépassant les plafonds de ressources. Notamment un studio de 29 m2, loué à la fille du directeur général de Domnis trois fois moins cher que le prix du marché. Charité bien ordonnée…
Dans le Canard enchaîné du 5 juin 2019.