Enfin des sanctions, des contrôles, des obligations ! Ces flemmards de chômeurs ont fini de se la couler douce. Comme promis durant sa campagne, Macron s’apprête à leur serrer la vis. Certes, 41,8 % des 6,6 millions d’inscrits y échapperont, puisqu’ils ne touchent pas un centime, et on ne peut donc pas décemment les taper au porte-monnaie. Mais les autres vont le sentir passer.
Ha, ce bon vieux mythe de la personne au chômage fénéante qui refuse les offres d'emplois de Popole à la chaîne…
D’abord, au lieu de 200 contrôleurs aujourd’hui, Pôle emploi en comptera 1 000 dans deux ans. Ensuite, dès l’an prochain sera expérimenté un « tableau de bord » numérique : chaque mois, les chômeurs devront rendre des comptes et prouver qu’ils ont fait des tas de démarches pour trouver du boulot. Belle idée soufflée par Pierre Gattaz, qui avait même pensé à un « contrôle journalier », un peu trop soviétique d’inspiration, mais on est mo derne ou on ne l’est pas.
Enfin, ceux qui prétextent qu’il n’y a pas de boulot pour ne pas en chercher ont fini de rigoler. Faudra qu’ils en cherchent activement, et qu’ils le prouvent : un mois de suppression d’allocs au premier avertissement, puis deux, puis quatre mois. Et ils ne pourront plus refuser deux fois de suite « une offre raisonnable » d’emploi, offre raisonnable dont les critères vont être désormais fixés à la tête du client. La tête des glandeurs !
Ça l'est déjà, à la tête du client : sauf erreur de ma part, une offre est jugée raisonnable vis-à-vis du Projet Personnalisé d'Accès à l'Emploi, document rempli par la personne au chômage sous la pression de Popole. Il "suffit" de bien fixer les critères (la zone géographique, le type précis de société employeuse, etc.) dès le début pour que Popole ne décompte pas les offres qui ne correspondent pas du compteur "offres raisonnables".
Certes, une étude de Pôle emploi a montré récemment que 86 % des demandeurs d’emploi respectent leurs obligations de recherche, mais faut bien essayer de coincer les autres.
L’enjeu est d’importance, en effet : ce nouveau système devrait permettre à l’assurance-chômage d’économiser jusqu’à 1 milliard d’euros. Et il faut être de bien mauvaise foi, comme peut l’être « L’Humanité » (20/3), pour mettre ce chiffre en rapport avec celui de la Cour des comptes, qui a calculé que la fraude aux cotisations sociales des patrons français représente un manque à gagner de 25 milliard d’euros par an. Ça n’a rien à voir, voyons !
Et en même temps…
Dans le Canard enchaîné du 21 mars 2018.